Source Runnersworld.com |
Je poursuis mon œuvre de dépoussiérage du Blog en reprenant également les traductions en provenance de Runblogger. Pete Larson continue ses recherches et réflexion sur la course à pied en général et sur le minimalisme en particulier. Ses articles sont toujours aussi intéressant à lire et même si je n'ai pas fait, après mure réflexion, le saut vers "un peu plus" de minimalisme, je continue avec grand plaisir à me renseigner et donc, à vous faire partager en français, ses articles.
C'est donc le 5e article traduit, même esprit que les précédentes traductions, mes commentaires/ajouts sont en italique, tout le reste provient de l'auteur de Runblogger.
Cet article a été initialement publié le 12 janvier sous le titre Forefoot Striking and Pronation: Insight from an Ultrarunning Podiatry Student.
Juste avant Noël, j'ai reçu un courriel très réfléchi et bien documenté de l’ultra coureur Phil Shaw. En plus d'être un grand coureur sur longue distance, Phil travaille également sur un doctorat en médecine podiatrique (ndt l'équivalent serait la podologie chez nous) - une combinaison intéressante !
Comme moi, Phil estime que le paradigme actuel qui est d'essayer de contrôler la pronation grâce à des technologies de chaussures, avec une l'efficacité douteuse, est allé trop loin (pour en savoir plus sur mes réflexions à ce sujet, consultez mon post sur le "paradigme de contrôle de la pronation"). Il a voulu partager avec moi quelques réflexions, qu'il a obtenue suite à une lecture approfondie de la littérature scientifique sur la course pieds nus, sur l'attaque du pied et comme cela peut nous aider à réduire les problèmes de pronations sans nécessité d'intervention d'une technologie extérieure (i.e. les chaussures).
Attaque du pied et pronation : Que nous dit la science ?
Il ne faut pas beaucoup de temps de recherche sur Internet pour se rendre compte que lorsqu'il s'agit de minimalisme et de courir pieds nus, les preuves scientifiques sont, aux mieux, inégales. A la place, on trouve une abondance d'anecdotes et de vécus d'expériences. Dans un effort pour analyser des éléments de preuves, aider de quelques collègues doctorants, nous avons récemment écrit une revue de question sur les bio mécanismes de la course pieds nus. Notre but était de formuler un modèle complet de la course à pied pieds nus basé sur des preuves scientifiques et de décrire les conséquences possibles en terme de blessures dues à une charge excessive. En fin de compte, nous avons étudié 39 articles qui répondaient à nos critères d'inclusion et d'exclusion. Les publications montrent de nombreux sujets pertinents sur la course pieds nus mais notre revue dépasse largement le cadre d'un blog (comme la plupart des articles scientifiques, bien trop dense !). Mais, un aspect en particulier peut intéresser les coureurs minimalistes. J'aimerais le partager avec les lecteurs de Runblogger.
Tout d'abord, permettez-moi de me présenter. J'ai 25 ans et j'ai couru des ultra marathons pendant 9 ans. J'ai couru 12 100 miles de montagne, a remporté une paire d'entre eux, et j'ai couru un marathon en 2:39. J'ai l'habitude de courir autour de 90 miles par semaine. Je suis actuellement en école de médecine podiatrique et travaille sur mon doctorat en médecine podiatrique (DPM). Je cours exclusivement en chaussures minimaliste (Brooks Mach 11 principalement) depuis l'été 2010, et en général j'ai profité de ce changement. Évidemment, il y a une certaine motivation personnelle dans mon intérêt dans la gestion de la biomécanique.
L'un des revendications les plus courantes des défenseurs de la course pieds nus et du minimalisme est qu'une attaque avec l'avant du pied réduit les forces d'impact. Je voulais examiner comment ces forces d'impacts sont atténuées avec une attaque par l'avant du pied par rapport à une attaque sur le talon et ce que cela pourrait induire sur des blessures de fatigue. Au lieu de mettre l'accent sur l'ampleur de la force d'impact qui pourrait ou pas être impliquée dans les blessures de fatigue, étudions plutôt la pronation. Une pronation excessive est associée à de multiples blessures de fatigue y compris celles du Fasciite plantaire, terrible Némésis, le syndrome de stress du tibia interne (aka périostite tibiale) et le et le syndrome Fémoro-patellaire (aka genou du coureur). D'après notre revue sur la course pieds nus, nous avons trouvé un modèle suggérant qu'une attaque par l'avant du pied peut réduire la pronation comparée à une attaque par le talon.
Six études ont étudiés le mouvement du pied en comparant des sujets sans ou avec chaussures. Parmi ces six études, 3 ont trouvé une réduction significative de la pronation en courant pieds nus1,8,11, deux études n'ont trouvé aucune différence entre les conditions, 4,12, et une seule étude a montré une plus grande pronation lorsque les sujets couraient pieds nus. 9
C'est donc une tendance fore, mais quand nous avons regardé de plus près, nous avons constaté que toutes les études, sauf deux, exigeaient des sujets courant avec une attaque par le talon (note de Runblogger : malheureusement, cette exigence est assez fréquente dans la littérature scientifique sur la mécanique de course à pied). Dans les deux études qui autorisaient des coureurs "par l'avant", les deux ont trouvé une réduction significative de la pronation avec des pieds nus1,11 En outre, Morley et al. 2010 a constaté une baisse de la pronation pour les coureurs "par le talon" lorsqu'ils couraient pieds nus. Fait intéressant, ceux qui avaient la plus grande pronation ont eu la plus grande réduction en changeant d'attaque. Dans les deux études qui n'ont pas montré d'effet et dans l'étude qui a montré un effet inverse (augmentation de la pronation), tous les coureurs attaquaient par le talon. (ndt : doute de traduction sur "all studies agreed that rearfoot eversion velocity was slower in barefoot runners", je ne mets que la conclusion de cette phrase). Suggérant que la pronation est plus contrôlée lorsqu'on est pied nus.
Qu'est-ce que ces résultats impliquent? Pas grand-chose, jusqu'à ce que nous faisions une nouvelle constatation. Parmi les sept études portant sur la flexion dorsale et plantaire de la cheville, ou en pointant l'avant du pied vers le haut et vers le bas en vue de côté, tous ont convenu que les coureurs pieds nus frappent le sol avec une flexion plantaire du pied plus significative (l'angle de l'avant-pied est plus bas (ndt je comprends que l'angle formé entre le sol et le pied est plus faible)). 1-3,5-7,10 Même dans les études où les sujets doivent attaquer par le talon, les sujets ont heurté le sol de plus "à plat" ou "flexion plantaire" (ndt : encore un doute sur la traduction de "plantarflexed"). De plus,plus la période d'adaptation pour courir pieds nus est longue, plus les coureurs courent "à plat" / "plantarflexed". En d'autres termes, avec plus de temps passés à courir pieds nus, les coureurs sont plus susceptibles d'attaque avec le milieu ou l'avant du pied. C'est encore plus évidement avec des sujets habituellement coureur pieds nus (c'est à dire qu'ils courent en chaussures minimalistes ou pieds nus depuis plus de 6 mois), mais cette tendance est déjà évidente au bout de 4 minutes sur tapis roulant chez les coureurs qui n'ont jamais courus pieds nus. Éviter une attaque par le talon est clairement un mécanisme d'adaptation lorsque l'amorti disponible est minimal.
Nous savons que la course pied nue/minimale est associée avec un contact du pied plus "à plat". Nous avons également des données qui suggèrent que la pronation est réduite lorsque les sujets vont vers une attaque avec l'avant du pied. Nous concluons que l'attaque par l'avant du pied peut donc réduire la pronation. Mais pourquoi donc ?
Avec une attaque par l'avant du pied, les forces d'impact sont atténuées par une combinaison de mouvement de rotation de l'articulation de la cheville et de stockages d'énergie dans le tendon d'Achille élastique. Avec une attaque par le talon, la capacité à dissiper l'énergie par la rotation de l'articulation de la cheville et le stockage de l'énergie dans le tendon d'Achille est considérablement réduite. Le mouvement qui se produirait à l'articulation de la cheville se produit ailleurs : à l'articulation sous-talienne. Au lieu d'avoir un mouvement sagittal à la cheville, l'articulation sous-talienne "pronates" (ndt : hmm) excessivement sur le plan frontal et s'aplatit très rapidement. En d'autres termes, l'attaque par le talon peut provoquer une pronation excessive car les forces d'impact ne peuvent pas être transmises par une cheville mobile au "gastroc-soleus complex" (ndt à vous souhaits :-)). Au contraire, le corps dissipe l'impact sur un plan de mouvement différent.
Nous avons examiné de nombreuses autres facettes de la course pied nus, comme le mouvement du genou, les forces de cisaillement, les pressions plantaires et plus encore. L'idée selon laquelle l'attaque par l'avant du pied dans une chaussure peu amorti, sans contrôle de la pronation excessive pouvait réduite la pronation était particulièrement intéressante pour moi. J'espère que les lecteurs de ce blog pensent la même chose.
Phil Shaw
Références
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