dimanche 31 octobre 2010

Relation entre les chaussures et le type d'attaque : des chaussures avec amorti au barefoot

3e article traduit en provenance de runblogger.com. Cette fois, l'auteur montre à travers son exemple les différences d'attaques que peuvent induire les différents types de chaussures. Même si le but de cet article n'est pas d'apporter une preuve scientifique et que l'article date un peu (février 2009), j'ai trouvé la démarche intéressante, à titre d'exemple.
Même esprit que les précédentes traductions, mes commentaires/ajouts sont en italique, tout le reste provient de l'auteur de runblogger.


Source : runnerblogger.com
Article original : Relationship Between Running Footstrike and Footwear: From Stability Shoes to Barefoot

J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps sur la relation entre les chaussures (ou leur absence) et comment elles peuvent affecter mon attaque de pied pendant la course. Au cours de l'année dernière, j'ai couru avec tous types de chaussures : des chaussures avec un contrôle de la pronation (Saucony Progrid Guides, Brooks Adrenaline GTS 8) aux Vibram KSO Fivefingers, qui sont les chaussures les plus minimalistes que vous pouvez avoir sans courir pied nus. Comme beaucoup d'autres coureurs, j'ai lu l'excellent livre de Christopher McDougall "Born to Run" (ndt toujours non traduit en français) sur le plaisir de courir, les raisons pour lesquelles nous, humains, devrions courir et les dangers potentiels des chaussures modernes. J'ai tiré beaucoup d'enseignements de ce livre, avant tout que nous, humains, avions évolués pour être des coureurs de fond et que de jouer avec ce que nous faisons naturellement n'est probablement pas une bonne chose. Mais, il reste un grande question dans mon esprit : qu'est-ce qui est naturel quand il s'agit de courir ?



Je me trouve dans une position unique pour commencer à essayer de fournir au moins un petit aperçu supplémentaire à cette question apparemment simple. Je suis un biologiste ayant une formation en anatomie et en biomécanique [bien que mes recherches ont surtout porté sur les grenouilles (oui, les grenouilles !), les principes de base sont les mêmes], j'enseigne l'anatomie humaine et la Physiologie dans une petite université et je vais enseigner pour la première fois la physiologie de l'exercice au prochain semestre.
Je n'ai certes pas de formation sur la recherche humaine,  mais j'apprends beaucoup dans ces procédures, et nous allons voir où cela va nous mener. J'ai un petit laboratoire, un groupe d'étudiants chercheurs, et quelques équipements et financements qui me permettent de faire certaines choses qui ne sont pas facile à faire à la maison (eg la caméra haute vitesse). Peut être aussi important que mes connaissances biologiques, je suis un coureur fanatique, et c'est vraiment ce qui motive mon intérêt à trouver des réponses à des questions comme celle posée à la fin du premier paragraphe. Ce nouveau projet est rapidement devenu ma passion et je suis heureux d'être parti dans cette direction de recherche. Nous avons quelques projets intéressants déjà en cours, notament l'analyse de l'attaque du pied avec une caméra haute vitesse pour plus de 900 coureurs du Marathon de Manchester City 2009 ; nous espérons avoir plus de détails et de vidéo de ce projet dans les prochains mois.

Avant de commenter les vidéos qui suivent, je tiens à évoquer ma philosophie à propos de la science, des universitaires et de la recherche. J'ai, comme tous les autres scientifiques, utilisé les revues scientifiques comme premières débouchées pour la diffusion des données que je collecte (voir ici ma page web pro). Cela permet, grâce à l'examen par nos pairs, de contrôler la qualité des données et la justesse de nos interprétations. Et la publication scientifique est nécessaire dans la plupart des institutions si nous voulons être titulaire et conserver notre poste (ndt : ancien doctorant français, je ne résiste pas à commenter ce système "juge et parti" : les auteurs américains sont capables de ce co-opter en "circuit fermé" dans le style "je t'approuve ton article si tu approuves le mien"; sachant comme le dit l'auteur, que leur poste et leur salaire est directement proportionnel aux nombres de publications... évidement personne ne l'avouera... Désolé de la parenthèse mais cela m'a directement concerné... dans une autre vie :). Je vois beaucoup de publication scientifique de valeurs, mais malheureusement ces publications sont souvent ignorées par ceux qui pourraient en tirer le plus grand bénéfice de leur contenu. Les articles de revues scientifiques peuvent être très techniques et difficiles à lire, ils ne reçoivent généralement pas une large diffusion à moins d'être repris par un média généraliste (et croyez moi la recherche sur les tétards n'attire généralement pas beaucoup l'attention), et leurs conclusions sont souvent noyées par la nature des scientifiques à ne pas pouvoir prendre une position ferme sur une question donnée (ndt : je re-explique à ma manière, une hypothèse en science n'est jamais prouvée, elle est infirmée ou non-infirmée par les données, cela peut être surprenant mais c'est la première chose que l'on apprend lorsqu'on commence à étudier la recherche expérimentale). Je publie mais je ne suis pas obnubilé par le nombre des mes articles - à la fin de la journée, je ressentirais plus de gratification si l'un des lecteurs de mon blog dévide de descendre de son canapé et commence à courir que si j'ai ajouté un nouvel article à mon CV. En fait, l'une des mes principales raisons pour commencer ce blog en Janvier a été de trouver un espace plus ouvert pour apporter un peu de science dans un mode plus compréhensible et plus ouvert à la conversation. Je suis d'abord et avant tout un enseignant (c'est la partie de mon travail que j'aime le plus), et mon espoir est qu'à travers des billet comme celui-ci je peux, un peu, montrer comme fonctionne la science académique, ainsi que de présenter des données scientifiques d'une manière lisible et j'espère divertissantes. Si quelques un mes étudiants lit ce billet, ils pourront ce porter garant pour moi que c'est l'approche que j'utilise aussi dans ma salle de cours.
 

Maintenant, retournons aux vidéos. Comme tout bon scientifique, j'ai tendance à penser de nombreuses choses sur les éléments que j'étudie. Les idées de projets (comme ce billet) viennent souvent à moi pendant mes courses, et cela a été le cas l'autre soir lorsque j'essayais une paire de Newton Sir Isaac qui m'avait été envoyée (Newton's are designed to facilitate a forefoot strike), j'ai décidé de me filmer pendant que je courais sur un tapis de course avec toutes les types de chaussures auxquelles je pouvais penser. Comme un scientifique honnête qui respecte les statistiques, je tiens à souligner très clairement dès le départ que la taille de l'échantillon est d'un (ndt : ce qui annule toute portée scientifique au test), et bien que je faisais de mon mieux pour contrôler les conditions, ce qui suit est un premier coup d'oeil et n'a nulle part la validité d'une étude scientifique (coordonner l'allumage et l'extinction de la caméra pendant la montée et la descente du tapis de course a été un défis en soi et donne quelques vidéos de "slow motion" intéressantes !). J'ai tourné les vidéos suivantes principalement pour me fournir quelques éléments de réflexion et que vous puissiez lire ceci, comme un moyen de générer des idées de projets de recherche pour mes étudiants et pour la classe de physiologie de l'exercice au prochain semestre. J'aimerais lire ce que vous en pensez - et toutes les réflexions/suggestions/critiques/idées sont les bienvenues, et je suis plus que sincère ! 

Voici donc quelques détails importants sur ce que j'ai fait hier. Toutes les vidéos ont été filmées dans une session de 20mn environ avec un succession rapide. J'ai couru 5 minutes pour m'échauffer, puis j'ai changé de paire de chaussures au hasard (donc sans aucun ordre particulier).

Pour chaque condition (ndt chaque chaussure), je me suis filmé pendant une minute à 300 images par seconde avec une caméra numérique Casio Exilim EX-F1. Chaque extrait ci-dessous est une petite partie de la vidéo totale tirée de la fin de la session (il faut beaucoup de temps pour rentrer dans une démarche de course confortable). La vitesse était la même dans toutes les vidéo (11,26 Kmh (ndt conversion de 7mph)). Vous trouverez en dessous de chaque vidéo un bref résumé de ce qu'elle contient et ce que j'ai pu voir de mon attaque de pied.

Légère attaque par le talon ici, mais la transition talon-pointe est extrêmement régulière.


Toujours avec une attaque par le talon ici (je suis un nouvel utilisateur des Newton, un seul entrainement de 8km à ce jour)

Essai de passer à attaque du pied plus sur l'avant, mais je me sens toujours bizarre (je suis un nouveau venu avec les Newton)

Légère attaque par le talon.

Apparemment, une attaque par le milieu du pied.

Apparemment, une attaque par le milieu du pied.

Apparemment, une attaque par le milieu du pied.

Apparemment, une belle attaque par le milieu du pied (ce fut ma première tentative de courir pied nus sur un tapis roulant)

Alors, que puis-je conclure de cette expérience très simple ? Premièrement, j'attaque définitivement avec le talon avec des chaussures avec amorti comme les Adrenaline de Brooks et avec des chaussures neutres comme la Launch de Brooks et la Nike Free 3.0. Avec des Vibram Fivefingers KSO, j'attaquais plus avec le milieu du pied. Ce que je trouve particulièrement intéressant, c'est que lorsque j'essaie de courir naturellement avec les Newton (qui sont indiqués comme étant conçus pour faciliter une attaque avec l'avant pied), j'ai encore tendance à attaquer avec le talon, et c'est seulement quand j'ai consciemment forcé que j'ai pu passer à une attaque avec l'avant pied. Attaquer avec l'avant pied ne me semble pas confortable, et je n'ai aucun autre exemple d'attaque avec l'avant pied, même pieds nus.

Mon sentiment est que pour quelqu'un comme moi, l'attaque par le milieu du pied est la méthode la plus naturelle puisque je le fais pied nus, mais il reste beaucoup à faire pour que des conclusions puissent être généralisables. J'ai l'intention de donner plus de temps aux Newton mais en regardant des vidéos de marathons, mon impression que l'attaque par l'avant pied est très différente biomécaniquement qu'une attaque par le milieu ou le talon. Il semble que je peux arriver relativement facilement à attaquer avec le milieu du pied en venant d'une attaque par le talon, et cela semble, pour moi, être lié au type de chaussures (chaussure minimaliste ou pas de chaussure : attaque par le milieu du pied). Je tiens à souligner que rien de tout cela ne soutient vraiment une attaque ou une autre. Tout cela est très intéressant et je n'ai pas pu tout qualifié, alors restez branchés.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

super traduction ! je n'en suis que plus convaincu de m'initier doucement sur piste avec mes Vibram KSO :)

et votre prépa de marathon, tout va bien ? bonne journée

Girith a dit…

merci ;)
oui les feux sont restés au vert, dernière séance longue hier et maintenant un peu de relâchement en attendant le 14, j'ai hâte d'y être ^^

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